La réalisation d’opérations militaires conjointes peut parfois représenter un défi pour les stratèges militaires. Des antidotes sont en effet à rechercher lorsqu’il s’agit de combiner des forces multinationales et les trois branches traditionnelles de l’armée ainsi que d’autres organismes de sécurité. Ces opérations peuvent être coûteuses et, si elles sont mal gérées, elles peuvent poser des problèmes quant à la concrétisation des capacités militaires sur terre, sur mer et dans les airs en une victoire rapide ou à l’instauration de la paix et de la sécurité. Par ailleurs, la première édition de la formation sur la planification des opérations conjointes, organisée de concert par le Centre International Kofi Annan de Formation au Maintien de la Paix (KAIPTC) et le gouvernement britannique, apporte la réponse nécessaire au renforcement des capacités du personnel compétent afin de favoriser le bon déroulement des opérations conjointes.
Cette formation d’une semaine porte sur le contexte stratégique, les phases de la guerre, les principaux éléments constitutifs de la planification des opérations, le centre de gravité, la conception de la campagne, l’évaluation opérationnelle, les risques, les jeux de guerre (Mode d’action), les médias, les effets à large spectre, le rôle des conseillers politiques et juridiques, ainsi qu’une étude de cas si nécessaire. En se basant sur les défis de l’insécurité au Sahel et leur impact sur les États côtiers d’Afrique de l’Ouest, cette formation propose une planification des opérations dans le contexte de cette problématique.
La formation a réuni 33 participants provenant de 10 pays d’Afrique de l’Ouest, à savoir le Ghana, le Nigeria, le Niger, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Liberia, la Sierra Leone, le Bénin, la Gambie et le Togo. Les participants représentaient les forces armées, la police, l’immigration, les douanes, les prisons, les ministères de la Défense, la sécurité nationale, le Bureau national des enquêtes ainsi que d’autres agences de sécurité.
Dans un discours prononcé lors de la cérémonie d’ouverture, le Commandant adjoint du KAIPTC, le Général de brigade aérienne George Kweku Arko-Dadzie, a noté que rien ne pouvait remplacer la planification militaire. “Le processus de planification des opérations est nécessaire car, en plus de fournir une procédure commune pour l’élaboration d’un plan, il soutient également la planification à tous les niveaux des opérations militaires afin de rester en position dominante face aux menaces de sécurité actuelles et émergentes.”
Exigences en matière de personnel
Il a déclaré qu’étant donné la complexité de ces opérations qui étaient inclusives, multinationales et combinaient la force des trois services armés traditionnels et d’autres organismes de sécurité, des efforts d’équipe plus que normaux étaient nécessaires ;“Pour ce faire, il faut du personnel capable de collaborer et d’analyser de manière critique les étapes logiques pour définir un problème, examiner une mission, développer, analyser et comparer des plans d’action alternatifs, sélectionner le meilleur plan d’action et produire un plan ou un ordre”.
Le Commandant adjoint du KAIPTC a déclaré que la formation permettrait aux participants de collaborer et de tirer parti de l’expertise et des expériences de chacun.
“Je vous encourage à vous dépasser pour acquérir de nouvelles connaissances et idées, à remettre en question des opinions bien ancrées, à faire face aux problèmes difficiles qui peuvent se présenter et, en fin de compte, à profiter de l’effort collectif pour faire de cette formation un succès”, a-t-il conseillé.
Il a félicité le gouvernement britannique en ces termes : “Nous remercions tout particulièrement le gouvernement britannique pour les nombreuses années de soutien et de partenariat exceptionnel qui ont conduit à la réalisation conjointe de nouveaux programmes de formation. “Le Centre apprécie cette relation et se réjouit de la poursuite des engagements constructifs. Je voudrais également remercier les personnes ressources qui sont venues du Royaume-Uni pour transmettre leurs connaissances et leur expérience afin de renforcer nos capacités sur le sujet très important de la planification des opérations conjointes”, a-t-il déclaré.
Selon les experts, une force conjointe est capable de faire appel aux forces de tous les services, tout en compensant, voire en éliminant, les éventuelles faiblesses et en évitant les chevauchements d’efforts. Cependant, les processus conduisant à la mise en place d’un service conjoint sont jugés difficiles, le langage opérationnel de chaque service se présentant parfois comme un obstacle. La voie menant à la création d’un “service conjoint” n’est pas une mince affaire ; cette première édition devrait donc fournir les connaissances, les compétences et les attitudes nécessaires pour faciliter la réussite des opérations militaires conjointes.