Accra, 8 novembre 2016: Des spécialistes et acteurs en matière de sécurité se sont réunis, du 7 au 8 novembre 2016, au Centre International Kofi Annan de Formation au Maintien de la Paix (KAIPTC), pour examiner les causes profondes de l’extrémisme violent et chercher à comprendre comment les initiatives de sécurité humaine pourraient être utilisées pour contrecarrer cette tendance grandissante sur le continent africain. Cet atelier de deux jours a servi de plateforme exceptionnelle pour identifier les rôles des acteurs aux niveaux national, régional et international dans le cadre de la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent ainsi que pour examiner les moyens dans lesquels l’adoption d’une approche de sécurité humaine et l’implication de la communauté pourraient appuyer les méthodes traditionnelles de maintien de l’ordre en vue de prévenir et combattre l’extrémisme violent. Cet atelier, qui a été organisé conjointement par le KAIPTC et le Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme (CAERT), a été parrainé par le gouvernement espagnol.
Le Commandant du Centre International Kofi Annan de Formation au Maintien de la Paix, le Général de division aérienne Griffiths Santrofi Evans, a déclaré que “les mécanismes de sécurité de l’Union Africaine et de la CEDEAO sont de plus en plus contestés par la menace que représente l’extrémisme violent”. A-t-il ajouté que “les manifestations de l’extrémisme violent sur le continent illustrent bien à quel point les groupes extrémistes se transforment en groupes terroristes qui portent atteinte à l’intégrité territoriale et à la stabilité des pays de la sous-région”, tout en recommandant que des mesures immédiates soient prises pour combattre cette menace.
Lors de la cérémonie d’ouverture, le Lieutenant-colonel Gbevlo-Lartey, Représentant spécial de l’UA sur le terrorisme, a fait mention du Plan d’action du Secrétaire général de l’ONU, qui indique que “rien ne saurait justifier l’extrémisme violent, mais force est de constater que ce phénomène n’est pas le fruit du hasard”. Il est donc urgent d’examiner les causes profondes et la dynamique qui encouragent l’extrémisme violent, et d’étudier le genre d’approches de sécurité humaine nécessaires pour y remédier.
L’hon. Prosper Bani, ministre de l’Intérieur et invité spécial à la cérémonie d’ouverture, a souligné que le Ghana prend les mesures nécessaires pour prévenir l’extrémisme violent bien qu’il devrait intervenir davantage pour la protection de ses citoyens. Le ministre a souligné la nécessité d’investir dans la prévention de l’extrémisme violent au vu d’une orientation favorable des institutions et de la direction internationales dans ce sens. Il a fait observer des difficultés extrêmes dans la mobilisation des ressources de la communauté des donateurs dans le cadre de la prévention de l’extrémisme violent et a souligné la nécessité d’un changement de discours en se concentrant sur la prévention plutôt que sur le redressement après des actes extrémistes violents.
Il a félicité le KAIPTC pour la transformation du paysage sécuritaire de l’Afrique de l’Ouest et a cité quelques exemples de contributions du Centre dans la création des conditions sécuritaires stables, notamment le Programme des armes légères et de petit calibre et le stage de formation sur le désarmement, la démobilisation et la réintégration (DDR).
Durant cet atelier, les experts étaient d’avis que la nature dégénérée et faible des échanges de renseignements entre les organismes de sécurité des pays de la sous-région entravait les efforts de lutte contre l’enseignement et les recrutements extrémistes au sein des communautés locales vulnérables. Un chercheur du Centre pour la gouvernance de la sécurité et consultant sierra-léonais en matière de sécurité, le Dr. Ibrahim Bangura, a déclaré que “l’approche contre l’extrémisme violent dans de nombreux Etats africains a été reléguée au statut de problème de sécurité, alors qu’il est nécessaire de se réorienter car il s’agit là d’un problème de développement et non uniquement d’une question de sécurité”. Il a ajouté: “si vous observez les facteurs d’impulsion, vous constaterez qu’il s’agit, pour la plupart d’entre eux, des faiblesses de l’état, notamment l’analphabétisme, le chômage et les griefs qui poussent certains groupes à aborder et recruter les gens”.
Le Directeur de la Faculté des Affaires Académiques et de la Recherche (FAAR) du KAIPTC, le Dr. Kwesi Aning, a déclaré que “l’extrémisme violent ne connaît pas de frontières; il est encouragé par le caractère inexistant des frontières, par leur porosité et par l’incapacité de l’Etat à surveiller, maitriser et contrôler ses populations”.
Entre autres, cet atelier de deux jours a permis aux acteurs du gouvernement, de la société civile et de la communauté locale de discuter des concepts d’extrémisme violent et de sécurité humaine, ainsi que de partager leurs expériences et points de vue sur ce sujet. Les stagiaires ont également examiné les phénomènes d’endoctrinement et de radicalisation au sein des communautés locales; l’atelier ayant pris fin sur une liste de priorités ou recommandations à mettre en œuvre.
Etant liés par un protocole d’accord signé entre le KAIPTC et l’UA, la collaboration entre le KAIPTC et l’ACSRT se poursuivra en 2017 par l’organisation d’un stage de formation sur la lutte contre l’extrémisme violent.