Partout en Afrique, les femmes jouent un rôle clé dans l’apprivoisement ou la prévention des conflits, mais leurs efforts passent inaperçus. Cette situation a attiré l’attention du Centre International Kofi Annan de Formation au Maintien de la Paix et du gouvernement du Danemark qui ont décidé d’inverser la tendance en proposant une formation qui permettrait aux femmes d’acquérir des compétences et des connaissances nécessaires pour jouer leur rôle dans la prévention des conflits dans la région du Sahel. Sa toute première édition, intitulée ‘Les femmes dans la prévention des conflits 2021’, s’est concentrée sur la région du Sahel, un foyer d’extrémisme qui menace la paix et la sécurité dans la sous-région.
Récemment introduite en vue d’atteindre les objectifs stratégiques du plan stratégique du KAIPTC, cette formation a bénéficié du soutien du ministère des Affaires étrangères du Danemark. S’étalant sur deux semaines, cette formation vise à fournir des connaissances et une expertise sur le rôle des femmes dans la prévention des conflits et le processus de paix dans la région. Elle a permis de mieux comprendre les facteurs qui déclenchent les conflits.
Un centre d’excellence
Le Général de brigade aérienne George Kweku Arko-Dadzie, Commandant adjoint du KAIPTC, a déclaré lors de l’ouverture du stage que, au fil des ans, le Centre a su “s’imposer comme un centre d’excellence en matière de recherche et de formation dans les domaines des conflits et des opérations de paix.” “Cette formation contribue de manière significative aux objectifs du cadre de la CEDEAO sur les femmes dans la prévention des conflits. Elle est structurée sous forme d’un programme d’apprentissage collaboratif basé sur les problèmes qui se décline en conférences, études de cas, travaux en petits groupes, brainstorming et exercices”, a-t-il ajouté.
Parmi les sujets abordés figurent la nature des conflits, les théories des conflits, l’analyse et la cartographie des conflits, les défis contemporains en matière de sécurité et la prévention des conflits en Afrique. Les stagiaires ont également pu découvrir, entre autres, l’architecture africaine de paix et de sécurité, l’alerte précoce et les interventions, les femmes dans la prévention des conflits et les droits de l’homme dans la prévention des conflits.
Ils ont également pu se familiariser avec certains principes et théories, notamment la dynamique et les éléments fondamentaux nécessaires à la réussite d’une mission. Cela fait partie des efforts de paix dans la résolution des conflits.
Ayant à l’esprit le contenu du stage, le Général de brigade aérienne Arko-Dadzie a déclaré que le Centre espérait que ce stage renforcerait considérablement la capacité des stagiaires à contribuer à la construction d’une Afrique pacifique et stable où la sécurité de tous les peuples serait pleinement assurée. Il a félicité le ministère des Affaires étrangères du Danemark pour son soutien indéfectible dans le cadre de son partenariat avec le KAIPTC pour organiser cette formation qu’il a qualifiée “d’importante.”
Cette activité de renforcement des capacités a rassemblé 20 stagiaires dont la plupart étaient des travailleurs actifs auprès des communautés dans les zones touchées par les conflits, des organisations non gouvernementales, des organisations de la société civile et d’autres organisations engagées dans la prévention des conflits dans la région du Sahel.
Grâce à cette formation, le KAIPTC et le ministère danois des affaires étrangères ont renforcé la prise de conscience des participants quant à leur rôle dans la prévention des conflits, et ont établi un réseau de femmes dans la région du Sahel qui pourraient collaborer pour soutenir les efforts de prévention des conflits.
De plus, grâce à cette formation, les stagiaires ont acquis de meilleures connaissances et compétences en matière de résolution des conflits, et devraient les utiliser pour améliorer et soutenir les processus de prévention des conflits dans la région du Sahel.
Ce stage intervient à un moment où les chercheurs du KAIPTC ont mis en garde contre le changement qui s’opère dans le monde des extrémistes violents dans la mesure où les femmes ne sont plus seulement des victimes. Les femmes qui, par le passé, étaient habituellement terrorisées, jouent aujourd’hui des rôles multiples qui contribuent à renforcer le terrorisme, la radicalisation et l’extrémisme violent. En lançant ce stage, le KAIPTC et le ministère danois des Affaires étrangères contribuent aux efforts visant à endiguer la montée de l’extrémisme dans une sous-région déjà en proie à la pauvreté et au sous-développement.
Témoignages
Manyam Tukur, Chargé de recherche responsable de la Division Assistance électorale à la Commission de la CEDEAO, n’a pas tari d’éloges à propos de cette formation.
“Cette formation est très intéressante, les modules sont exhaustifs et contiennent de nombreuses informations qui me seront utiles dans ma carrière de conseillère en matière d’égalité des sexes et de point focal pour les élections. La diversité et l’expérience des animateurs sont exceptionnelles, et c’était assez impressionnant d’entendre des histoires de première main sur des conflits et la façon dont certains problèmes ont été traités. En tant que point focal des élections de l’UPS, cette formation revêt une grande importance pour mon travail, car elle m’a ouvert l’esprit sur les défis en matière de genre et sur la manière de continuer à les relever.”
Il en va de même pour Isata Mahoi, coordinatrice du Réseau national de la Sierra Leone pour le Réseau ouest-africain pour l’édification de la paix :
“J’ai beaucoup aimé le fait que les animateurs soient tous solidement implantés dans leurs modules. Les approches qu’ils ont utilisées sont toutes acquises. La participation était maximale à tous les niveaux, la communication était efficace. Cette formation m’a donné des capacités suffisantes pour que mon travail actuel soit bien en phase avec la gestion des affaires et la prévention des conflits. Par conséquent, je mettrai à profit ce stage pour créer davantage d’impact dans mon pays et sur le continent dans son ensemble.”
La RCSNU 1325 et les femmes dans les conflits
Adoptée en octobre 2000, la Résolution 1325 a pris en compte les expériences des femmes dans les situations de conflit et d’après-conflit, et a également admis les contributions et l’absence des femmes dans le processus de résolution, de prévention et de consolidation de la paix. Celle-ci invite toutes les parties prenantes et tous les acteurs à veiller à l’intégration de la dimension de genre dans tous les efforts de paix et de sécurité des Nations Unies. Elle demande également que soit renforcé le pouvoir d’action des femmes, afin de leur permettre de participer au processus de prévention des conflits et de consolidation de la paix.
L’Afrique de l’Ouest et le Sahel étant considérés comme le foyer de conflits violents et de terrorisme pour lesquels les femmes et les enfants restent les plus vulnérables, il est généralement admis que des efforts supplémentaires devaient être déployés pour renforcer l’autonomie des femmes.
Tandis que les femmes, partout dans le monde, ont enduré des conflits particulièrement violents, les chiffres du Council on Foreign Relations soulignent qu’entre 1990 et 2019, les femmes ne représentaient au niveau mondial que 2 % des médiateurs, 8 % des négociateurs et 5 % des témoins et des signataires dans tous les grands processus de paix.
Selon l’ONU, les femmes sont le plus souvent absentes des processus de paix, ce qui se traduit par des accords de paix et des cessez-le-feu qui tiennent rarement compte des perspectives, des besoins et des préoccupations des femmes et des autres groupes vulnérables. En outre, le manque de planification des besoins dans les plans de relèvement post-conflit pourrait mettre en péril la viabilité à long terme de tout accord de paix. La participation des femmes à la prévention des conflits est donc essentielle pour parvenir à un processus de paix positif et durable.
Pour de plus amples informations, veuillez contacter le Service des Affaires institutionnelles du Centre International Kofi Annan de Formation au Maintien de la Paix (KAIPTC) au numéro +233 302 718200 poste 1104/1203. Vous pouvez également nous contacter via nos pages Facebook et Twitter: @KaiptcGh et Instagram: @kaiptc. Pour en savoir davantage, veuillez consulter le Site Web du KAIPTC : www.kaiptc.org.
À propos du Centre International Kofi Annan de Formation au Maintien de la Paix :
Le Centre International Kofi Annan de Formation au Maintien de la Paix (KAIPTC) a été créé en 1998 par le Ministère ghanéen de la défense (MoD) qui l’a mis en service en 2004. Il joue le rôle de tribune de consolidation et de partage des cinq décennies d’expériences et de compétences du Ghana en matière d’opérations de paix effectuées aux côtés des autres pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et d’Afrique. Ceci traduit la reconnaissance d’un besoin de formation pour le personnel militaire, policier et civil des deux sexes pour leur permettre de satisfaire aux nouvelles exigences posées sur les opérations de paix multidimensionnelles. Le Centre fait partie des trois (3) centres de formation d’excellence de la CEDEAO dans le domaine du maintien de la paix. Ces centres de formation ont pour mandat d’offrir des formations en maintien de la paix et en opérations de soutien à la paix (OSP) en Afrique.
Le Centre offre des formations dans les trois (3) domaines suivants : Opérations de soutien à la paix, Gestion des conflits et études sur la paix et la sécurité. Il offre également des programmes de maîtrise et de doctorat dans les mêmes thématiques. Le KAIPTC dispose d’un département de recherche de niveau mondial qui mène des recherches dans les thématiques de la paix et de la sécurité. Situé à Accra, au Ghana, le KAIPTC est une institution de renommée internationale qui a formé et instruit, depuis sa création jusqu’à ce jour, plus de 21 496 personnes.
Le KAIPTC est une organisation sensible à l’équité entre les sexes et engagée dans la promotion de l’égalité des sexes. Suite au lancement de sa politique d’égalité des sexes en 2014, le Centre a intégré les questions de genre dans ses politiques et programmes ainsi que dans ses domaines d’intervention, à savoir la formation, la recherche et l’enseignement postuniversitaire. Le Centre a mis en place une politique sur le harcèlement sexuel sur laquelle il a pleinement sensibilisé son personnel. Il a également mis sur pied un centre de soins infirmiers et de garde d’enfants ainsi qu’une politique de congé de paternité dans le but de créer un environnement de travail propice.